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Mieux comprendre la mort encéphalique (ou « mort cérébrale »)

Publié le 25/09/23
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La mort encéphalique ou mort "cérébrale" correspond au décès par arrêt total et irrémédiable de l'activité du cerveau et du tronc cérébral : c’est-à-dire la perte irréversible des fonctions cérébrales vitales, entraînant la mort. La cause est généralement une compression par œdème ou par une hémorragie cérébrale (accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien…) entrainant un phénomène de compression intracrânienne. Le cerveau est directement atteint et sa destruction est définitive. La mort encéphalique représente seulement 1 % des décès survenus à l’hôpital, mais permet 80 % des prélèvements d’organes en vue de greffes.

 

Qu’est-ce que la mort encéphalique ?

 

Il y a deux façons de mourir : soit le cœur s’arrête de battre définitivement, entrainant un arrêt de la vascularisation cérébrale et donc une anoxie (privation d’oxygène) du cerveau, conduisant au décès ; soit le cerveau s’arrête de fonctionner, entrainant un arrêt cardio-respiratoire (par perte des fonctions cérébrales vitales), conduisant au décès. En effet, en cas de perte irréversible des fonctions encéphaliques (et notamment du tronc cérébral, responsable de la régulation de la respiration et du rythme cardiaque), il n’y a plus de respiration et le cœur s’arrête de battre en quelques minutes.

Dans ce cas, grâce aux techniques avancées de réanimation, il est possible de maintenir, pendant une durée limitée de temps, une fonction circulatoire qui permette l’oxygénation des organes (par ventilation mécanique et stimulation cardiaque) après constatation du décès : c’est l’état de mort encéphalique (EME), ou « mort cérébrale », dont le constat permet d’envisager, dans certaines conditions, la possibilité d’un prélèvement d’organes et/ou de tissus.

C’est une mort qui est difficile à comprendre pour les proches, car le corps du défunt en état de mort encéphalique est encore chaud et coloré. Ce n’est donc ni un mort tel qu’on se le représente habituellement, avec un corps pâle, froid, immobile ; ni une personne « dans le coma », susceptible de retrouver la conscience. Les fonctions vitales sont détruites irréversiblement, la personne est décédée, et le maintien d’une activité cardio-respiratoire n’est possible que pendant quelques heures, grâce à l’assistance de machines et l’administration de médicaments par voie intraveineuse.

 

Comment diagnostique-t-on le décès par mort encéphalique ?

 

Le diagnostic de mort encéphalique répond à un protocole très précis.

Il s’établit d’abord par un examen clinique, qui consiste à constater notamment l’absence totale de conscience et d’activité sensitive et motrice, l’abolition des réflexes du tronc cérébral, et en particulier de la fonction respiratoire (absence de ventilation spontanée).

Il se poursuit ensuite par un examen paraclinique : réalisation de 2 électroencéphalogrammes (EEG) à 4 heures d’intervalle (afin de vérifier qu’il n’y a aucune activité électrique dans le cerveau, on parle alors d’EEG « plat »), ou encore en injectant un produit de contraste pour vérifier, au moyen d’une imagerie cérébrale (angiographie, angioscanner...), qu’il n’y a interruption complète de la vascularisation cérébrale.

Une fois ces examens réalisés, le diagnostic de mort encéphalique peut être posé et conduit à la rédaction d’un Procès-Verbal de constat de mort, par deux médecins distincts, puis à la signature, par l’un des deux médecins, du certificat de décès. L’heure du décès portée sur le certificat est celle de réalisation du 2e électroencéphalogramme (ou du scanner), attestant l’état de mort encéphalique. A noter que ces examens paracliniques peuvent être interprétés à distance, en télémédecine.

 

Mort encéphalique et don d’organes

 

La mort encéphalique est assez rare : environ 1 % des décès à l’hôpital, soit 5 000 cas par an en France. Mais cette poignée de décès représente jusqu’à 80 % des possibilités de prélèvement d’organes. Le maintien artificiel de l’activité cardiaque après la mort permet en effet de perfuser et d’oxygéner les organes et de les maintenir en état en vue d’une éventuelle transplantation.

La procédure de prélèvement d’organes et/ou de tissus est règlementée par les articles L 1332 du Code de la santé publique. Le constat du décès est un prérequis au déclenchement de cette procédure. Une fois le décès constaté, les équipes médicales des coordinations hospitalières de prélèvement et de soins critiques procèdent à un ensemble de vérifications d’ordre médico-légal (recherche d’une éventuelle opposition du défunt déclarée au cours de son vivant, abord des proches qui sont également appelés à témoigner d’une éventuelle opposition au don d’organes, que le défunt aurait exprimée de son vivant), mais aussi d’ordre clinique (recherche d’antécédents médicaux, qualité des greffons potentiels, etc.). Suivent alors les recherches de compatibilité avec un éventuel receveur, l’attribution des greffons et la mise en relation des équipes de prélèvement et de greffe, assurées par l’Agence de la biomédecine, elle-même garante du respect de l’anonymat, de l’équité et de la gratuité du don.

L’enjeu est de taille : pour une personne qui décède en mort cérébrale et qui peut être prélevée en vue de greffes, ce sont jusqu’à sept vies sauvées. Pour les équipes médicales sur le terrain, chaque donneur potentiel compte, et la bonne compréhension de l’état de mort encéphalique par les proches du défunt est donc déterminante dans l’exercice de leur mission.